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Vous avez obtenu le prix Nobel de physiologie et de médecine en 1974 pour l’identification de structures cellulaires, qui ont mené à la définition d’un groupe de maladies héréditaires, les maladies lysosomiales. Un exemple parfait du passage des connaissances fondamentales à leur application ?
Au cours de la première partie de ma carrière scientifique, mes sujets de recherche étaient très fondamentaux. A cette époque, on ignorait presque tout en biologie. Je voulais résoudre des problèmes simples : notamment, comprendre l'action de l'insuline sur le métabolisme. Par toutes sortes de détours, j'en suis venu à travailler dans le domaine de la biologie cellulaire et j'ai mis en évidence l'existence, à l'intérieur des cellules, de structures fonctionnelles : les lysosomes et les peroxysomes.
Le fait que ces travaux fondamentaux aient eu des retombées en médecine vous a-t-il touché ?
Oui. C’est d’ailleurs à peu près à cette époque que le fait d’être payé par la société pour satisfaire ma curiosité et participer aux progrès des connaissances m’a fait ressentir un devoir à l’égard de cette société. D’autant plus que je suis médecin. Je crois que si le hasard fait que ce que nous trouvons peut être utile, il est de notre devoir de faire en sorte que cette connaissance puisse être valorisée. C’est dans cet esprit que j’ai créé en 1974 l’institut de pathologie cellulaire (ICP) de l’Université catholique de Louvain, dont l’objectif consiste à mieux comprendre … pour mieux guérir.
Quel est à votre sens le rôle des industriels dans ce processus ?
Dans mon laboratoire, je me souviens de situations où nous guérissions des milliers de souris … mais quand il s’agissait de passer à la médecine humaine, nous étions perdus ! L’industrie, qui doit composer avec ses contraintes propres de rentabilité, peut jouer un rôle déterminant pour passer d’une découverte fondamentale à une application. Depuis de nombreuses années, les collaborations de l’ICP avec Gsk s’avèrent d’ailleurs fructueuses.
Aujourd’hui, je m’intéresse de nouveau, depuis 25 ans, à des sujets très fondamentaux qui concernent l’origine et l’histoire de
Propos recueillis par Muriel de Vericourt