
Un équipement qui absorbera une puissance de 100 MW.
© Shell
C’est une gigantesque plate-forme maritime. Presque deux fois la longueur du porte-avions Charles de Gaulle. En permanence, ses tentacules (des "risers") pompent les poches de gaz à plus de 1 000 mètres sous les mers. Ce gaz est purifié puis refroidi à 162°C en dessous de zéro où il atteint l’état liquide.
C’est le principe des unités flottantes de liquéfaction de gaz naturel (FLNG - Floating Liquefied Natural Gas plant), auquel s’attaque Technip. Son PDG, Thierry Pilenko, a précisé lundi 4 juillet les ambitions de l’entreprise en la matière. Le spécialiste des équipements pétroliers et gaziers prévoit de doubler voire tripler son chiffre d’affaire dans l’offshore grâce à cette activité. Un chiffre d’affaire qui représentait 600 millions d'euros en 2010.
Le projet Prélude à l’horizon 2017
Avant tout, Technip confirme son contrat avec le pétrolier Shell et Samsung, pour la construction de la plate-forme FLNG Prélude à l’horizon 2017. Edifié à quelque 200 km des côtes australiennes, ce monstre de 488 mètres de long et 74 mètres de large constituera le plus grand objet flottant jamais construit. Production estimée : 110 000 barils par jour de gaz liquéfié.
Première unité FLNG au monde, il concentrera l’extraction, le traitement et la liquéfaction du gaz naturel sur une même superstructure flottante. Avec les mêmes partenaires, Technip devrait livrer d’autres installations flottantes dans la foulée de Prélude. Dans les mois prochains, de nouveaux projets FLNG pour le brésilien Petrobras et le malaisien Petronas pourraient également être entérinés.
Un défi technique sans précédent
Pour anticiper ces différents projets, le consortium a travaillé sur l'approche flexible du design one, build many. Les plates-formes posséderont une base invariante, conçue pour le pompage du gaz en toutes conditions météo et océaniques. A cette base s’ajouteront différents modules pour le traitement et la liquéfaction, selon la qualité du gaz à extraire.
Les défis d’un tel chantier sont nombreux. Alors que les unités de liquéfaction de gaz terrestres peuvent s’étendre sur des dizaines d’hectares, les plates-formes FLNG devront atteindre des performances similaires sur un espace limité. Les ingénieurs ont notamment tablé sur la verticalisation des structures : la hauteur totale de Prélude dépasse ainsi les 100 mètres. A cet impératif de compaction s’ajoutent des considérations de sécurité « placées au premier plan pendant les phases de conception », assure Thiery Pilenko.
Exploiter les gisements lointains
« Nous envisageons la production offshore de gaz liquéfié depuis 15 ans », a déclaré M. Pilenko. « Mais nous n’avons franchi que récemment les barrières technologiques à sa réalisation ». Selon le patron de Technip, cette révolution est rendue possible grâce à l’expertise accumulée par l’entreprise dans trois domaines clés : les unités GNL terrestres ; l’extraction sous-marine et le dimensionnement de flotteurs pour les unités de production pétrolière offshore.
Les enjeux du FLNG sont considérables. Cette technique permet d’éviter la construction de gazoducs et de stations de liquéfaction terrestres au profit d’un transport direct par bateau. Une stratégie intéressante pour l’exploitation des gisements lointains, profonds, ou situés en zone sismique. « Le FLNG permettra d’aller chercher des gisements considérés jusqu’alors comme inexploitables », résume Thierry Pilenko.
Hugo Leroux