Les produits "enrichis en nano" présentent-ils un danger ? Pour tenter de répondre à cette question, l'Agence française de sécurité sanitaire de l'environnement et du travail a entrepris de les recenser. Elle a analysé les données disponibles pour quatre d'entre eux. Conclusion : faute d'informations suffisantes sur l'impact éventuel de ces articles, elle recommande la prudence. Elle souhaite que les industriels limitent l'usage des nanoparticules aux produits dans lesquels elles apportent un bénéfice indéniable. Ils devront aussi étiqueter systématiquement ces articles et rédiger des fiches descriptives disponibles en ligne.
Au moins 246 produits intégrant des nano-objets étaient présents sur le marché français en 2008.
Un risque non quantifiable - Nanomatériaux embarqués NANOARGENT - À quoi ça sert ? À éviter les mauvaises odeurs, grâce à l'action antibactérienne, antifongique et antilevure des ions argent, toxiques pour les cellules. - Quel impact pour la santé ? D'après la littérature scientifique, il est difficile de savoir si l'argent passe ou non à travers la peau et si les effets toxiques observés sur les cellules in vitro ont effectivement lieu in vivo. - Quel impact pour l'environnement ? Une partie de l'argent peut se retrouver dans les eaux de lavage et la multiplication des produits intégrant ce métal constituera certainement un risque pour l'environnement, même si ce risque n'est pas quantifiable aujourd'hui. - Où sont-ils ? 32 des 246 produits nano recensés sur le marché français sont des textiles intégrant, dans près de 80 % des cas, du nanoargent.
Des études qui font débat
- Nanomatériaux embarqués NANOPARTICULES DE DIOXYDE DE TITANE - À quoi ça sert ? À diminuer la pollution atmosphérique grâce à la capacité de photocatalyse du dioxyde de titane (TiO2). - Quel impact pour la santé ? Les nanoparticules pourraient s'échapper lors de la mise en oeuvre du béton, avec l'usure des routes ou en fin de vie. Absorbées au niveau pulmonaire, elles pourraient provoquer des inflammations. Certaines études qui font débat suggèrent un effet sur l'ADN. - Quel impact pour l'environnement ? En règle générale, le dioxyde de titane peut s'avérer délétère notamment pour les organismes aquatiques, mais l'impact des produits intégrant des nanoparticules reste à préciser. - Où sont-ils ? 29 des 246 produits nano en France sont destinés au bâtiment. Environ la moitié d'entre eux intègrent du TiO2.
Aucun effet identifié - Nanomatériaux embarqués NANOPARTICULES DE DIOXYDE DE TITANE - À quoi ça sert ? À améliorer la protection contre les rayons ultraviolets, en partie absorbés et réfléchis par les nanoparticules semi-conductrices de TiO2. - Quel impact pour la santé? La plupart des études s'accordent sur le fait que le TiO2 ne diffuse pas au-delà de la couche superficielle de l'épiderme. Aucun effet toxique n'a été identifié mais la littérature est incomplète, en particulier pour les personnes à risque : allergiques, maladies de peau, femmes enceintes. - Quel impact pour l'environnement ? L'Afsset considère que le produit se retrouve tôt ou tard dans l'environnement. Les données disponibles ne permettent pas d'évaluer l'effet éventuel. - Où sont-ils ? 69 des 246 produits nano en France sont des cosmétiques ou des articles d'hygiène. Près d'un tiers d'entre eux contiennent du TiO2.
Aucune évaluation sérieuse -Nanomatériaux embarqués NANOPARTICULES DE SILICE - À quoi ça sert ? À éviter la formation de grumeaux à l'intérieur des paquets de sucre de table. - Quel impact pour la santé ? Bien que ce produit soit autorisé et utilisé depuis plusieurs décennies, son devenir dans l'organisme n'a pas été étudié. - Quel impact pour l'environnement ? La dispersion de nanosilice est vraisemblablement limitée (via les eaux de vaisselle et les déchets ménagers). Certains producteurs proposent ce produit indifféremment comme additif alimentaire ou comme... insecticide. L'éventualité d'un risque environnemental ne peut être ni évaluée ni exclue. - Où sont-ils ? Sur 246 produits nano identifiés en France, 17 sont destinés à l'alimentation. Il s'agit de nanosilice dans un peu moins de 20% des cas.
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