Si le logiciel libre, ou ?open source? - car son contenu est gratuit, ouvert à tous, modifiable par tous - est né hors modèle commercial, il s'est depuis octroyé une niche confortable : les gros projets Linux partent en flèche depuis quelques mois.
À gros trait, il y a deux métiers du Libre :
les communautés informelles de programmeurs, qui s'attellent à un projet commun, et les professionnels dont le métier est l'intégration de systèmes à partir de composants libres.
Pour le premier cas de figure, citons le projet ERP5 (gestion industrielle intégrée) qu'orchestre Jean- Paul Smets, par ailleurs vice-président de l'Aful
(Association francophone de Linux etdu logiciel libre) et cofondateur d'EuroLinux. Intégrateur de logiciels libres, c'est le métier d'Open Wide, spin-off du groupe Thales dont le directeur technique est Pierre Ficheux, un des artisans de GNU, ancêtre de Linux. Ou de la SSLL (Société de services en logiciels libres) Linagora, fondée par Alexandre Zapolsky et Michel Maudet. Tous ces spécialistes considèrent à demi-mot que le monde du ?Libre? attire à lui la crème des programmeurs.
Ainsi, Jean-Paul Smets explique: «La spécificité du Libre tient au foisonnement des équipes de développeurs... Je connais 400 entreprises européennes du Libre, c'est dire qu'il doit en exister trois mille. Et l'on trouve aujourd'hui 50000 logiciels open source...» C'est dire que Mr. Open est avant tout un extraordinaire défricheur, assidu des forums de discussion, familier des communautés de projets...
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Le spécialiste du Libre est aussi un tacticien «capable de décider combien de temps va prendre l'ajout de telle fonctionnalité et s'il faut la développer ou plutôt chercher un module équivalent sur le Net ». Pierre Ficheux renchérit : «La difficulté est de bien choisir, donc connaître, les composants qu'on intègre. Savoir comment et à quel prix ils vont s'interfacer. La transparence du milieu nous aide. » Car, dans le Libre, pas - ou peu - de langue de bois. Tout se sait.
Thierry Mahé