Parallèlement à l’opération de « retension » par Freyssinet des 154 haubans, qui a permis de donner à l’ouvrage sa forme définitive, l’entreprise Advitam (filiale du groupe Vinci) a procédé à l’installation d’une batterie d’appareillages de mesure : accéléromètres, sondes de température, cellules de force.
L’objectif est d’instrumenter les haubans afin de suivre leur comportement en fonctions de diverses sollicitations : thermiques, vibratoires, charges d’exploitation. Point fort du dispositif : une mise sur écoute du viaduc. «Six des haubans de P3 sont en effet auscultés en temps réel au moyen de notre système SoundPrint» révèle Jean Viard, responsable du chantier pour Advitam.
Comment ausculter un viaduc ? Grâce à une vingtaine de micros émetteurs-récepteurs installés à chaque extrémité des haubans (dans l’ancrage haut, en tête de pylône, et dans l’ancrage bas du tablier) et directement sur le tablier. Le rôle de ces derniers ? Permettre de ‘préfiltrer’ tous les bruits ambiants qui correspondent à la vie acoustique naturelle et donc normale du viaduc, le système nécessitant environ un mois d’écoute préalable pour être pleinement efficace. C’est-à-dire avoir engrangé une banque de données sonores suffisamment parlante pour permettre de dégager les événements acoustiques significatifs du magma sonore.
Le dispositif, opérationnel depuis fin novembre va ainsi assurer le suivi dès la mise en circulation, autrement dit à l’instant zéro qui correspondra au passage du premier véhicule. Une première en la matière car, comme le souligne Jean Viard, «nous intervenons habituellement sur des ouvrages en fonctionnement depuis plusieurs années, c’est à dire pour lesquels nous ignorons beaucoup du vécu structurel ».
Dans la pratique les signatures acoustiques significatives seront transmises, via Internet, jusqu’au siège d’Advitam, à Vélizy (78), afin d’y être décortiquées par des ingénieurs acousticiens. Toute anomalie étant alors, bien entendu, susceptible de déclencher des procédures d’alarme ad hoc.
Philippe Donnaes