Yaurait-il une french touch dans le domaine de l'innovation ? Pour Acies consulting group, en tout cas, le constat est clair : la France bénéficie aujourd'hui de l'environnement fiscal le plus favorable au monde pour les sociétés souhaitant investir dans la recherche. Et ce notamment grâce au crédit d'impôt recherche, qui, dans sa forme actuelle, permet de récupérer une grande partie des sommes dédiées à cette activité via une réduction de l'impôt sur les sociétés. Une incitation qui, selon la société de consultants spécialistes de l'innovation, expliquerait en grande partie la bonne tenue de l'effort français de R&D dans un contexte d'accroissement de la concurrence entre les territoires.
Les différents visages de la R&D hexagonale
De fait, la France fait partie des rares pays de l'OCDE ayant accru leurs efforts de R&D non seulement en 2010 (+ 1,4 %) mais aussi au cours des deux années précédentes, malgré la crise (+ 3,5 % en 2009 et + 1,9 % en 2008), comme le relevait en avril dernier dans une note de synthèse le centre d'analyse stratégique. L'organisme pointait toutefois une autre caractéristique hexagonale : l'importance persistante des investissements publics dans cet effort de R&D, par rapport aux pays les plus performants en termes d'innovation. Une particularité dont l'explication est peut-être à chercher du côté de la part limitée (environ 20 %) des petites et moyennes entreprises dans l'effort global de recherche.
Mais les investissements de ces entreprises de petite taille, même mesurés, peuvent se traduire par des retombées importantes. Du côté des dépôts de brevets et de la valorisation, les toutes petites équipes de start-up ne sont pas en reste. Ainsi, dans cette troisième édition de notre recensement des centres de R&D, nous vous présentons plusieurs innovations mises au point en région par des équipes de taille réduite.
Il s'agit peut-être d'ailleurs de l'enseignement principal de notre enquête. Des multinationales aux start-up, du centre de PSA, rassemblant 5 000 personnes à Vélizy-Villacoublay (Yvelines), à des équipes d'une poignée de spécialistes détenteurs d'une technologie innovante, des spécialistes de la cuisson des matériaux composites aux inventeurs de panneaux solaires innovants, la R&D française présente un visage divers. Et résiste avec opiniâtreté à la délocalisation.
Le rôle majeur des réseaux et des pôles de compétitivité
Non sans se réinventer. Au crible de la crise, l'organisation des entreprises est repensée, dans un souci d'efficacité. La recherche a ainsi été conduite à faire la preuve de sa rentabilité, et à s'ouvrir. Sur les autres métiers de l'entreprise, en particulier ceux qui sont en contact direct avec le client final, pour intégrer les besoins du marché et, au-delà, sur l'extérieur. « Les entreprises sont de plus en plus demandeuses d'un accompagnement, pour s'approprier les savoirs qui leur manquent. Elles vont plus facilement vers l'extérieur et commencent à avoir moins peur de s'ouvrir », témoigne ainsi Jacques-Gilles Vignaud, directeur régional du Réseau de développement technologique Poitou-Charentes.
Un enjeu de taille, puisque comme le note l'OCDE, les entreprises actives en R&D collaborent en moyenne deux fois plus que les autres. Or pour mener à bien un projet collaboratif, l'accompagnement dont elles disposent dans leur environnement proche est déterminant. Créés en 1995 pour épauler les PME et les TPE d'un territoire dans leurs évolutions technologiques, les réseaux de développement technologique font à cet égard figure de pionniers.
Aujourd'hui, les pôles de compétitivité jouent un rôle majeur dans l'attractivité d'un territoire pour les entreprises innovantes, en fonction de leur secteur d'activité. Un rôle de catalyseur encore renforcé par les investissements d'avenir. Au-delà de ces structures, c'est tout l'écosystème régional, des laboratoires académiques aux instituts Carnot en passant par les universités, qui favorise l'implantation et le maintien des centres de R&D industriels dans les régions. Avec une persistance indéniable de l'empreinte jacobine. Le nombre et la taille des centres en Ile-de-France dépassent nettement les autres régions, même la plus dynamique d'entre elles, Rhône-Alpes, comme nous l'avions déjà constaté lors des deux précédentes éditions de cette enquête.
1 300 milliards de dollars sont investis chaque année par les pays pour leur R&D. Cet effort est deux fois plus important, à prix courant, que celui qui était consenti il y a dix ans.
Orange affirme employer 4 500 personnes en France sur des thématiques liées à l'innovation, mais n'a pas souhaité détailler leur implantation. Alstom, Bic, Legrand, Sopra, Ubisoft ou encore Zodiac Aerospace ont également refusé de nous communiquer leurs données. Au contraire, Air Liquide et Schneider Electric, qui n'avaient pas répondu l'an dernier, figurent en bonne place sur les cartes de cette troisième édition.
C'est le nombre de brevets déposés par PSA, entreprise la plus « brevetante »
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