
Un F-35 et un F-16 volent côte à côte.
© Lockheed Martin
Pierre Sprey, l'un des pères du F-16, considère le F-35, le fameux "Joint Strike Fighter" pour la clientèle internationale, comme un désastre irrécupérable. Ce projet faramineux dont le coût s'est multiplié au fil des ans n'en finit pas de subir des déconvenues, mais pour cet ingénieur, c'est le concept même de l'avion qui est en cause.
Le franco-américain Pierre Sprey, l'un des pères du mythique F-16 Fighting Falcon et du A-10 Thunderbolt II, est un grand critique de la conception aéronautique moderne, et notamment du projet F-35 Lightning II de Lockheed Martin. Ce projet gargantuesque, très critiqué de manière générale aux Etats-Unis, a un coût estimé qui atteint désormais un billion (1 000 milliards) de dollars. Malgré cette somme astronomique, l'appareil continue de rencontrer des problèmes de performance et de sécurité et n'est tout simplement pas satisfaisant. Un rapport du Pentagone daté de 2014 indiquait ainsi que seul un tiers de la flotte actuelle (composée uniquement de 100 aéronefs) était capable de voler.
Dans cette interview accordée à CBC News, Pierre Sprey explique que l'idée même du F-35 est mauvaise à la base et qu'il lui est donc impossible d'être autre chose qu'un mauvais avion. Que le désir d'avoir un avion très coûteux capable de remplir tout type de missions par opposition à plusieurs appareils spécialisés est irréaliste, issu de discours de relations publiques de l'armée datant des années 70, et que les compromis nés de cette volonté font que l'avion finit par ne pouvoir accomplir aucune mission correctement.
Même chose pour le fait d'avoir à satisfaire trop de services différents (Air Force, Navy, Marine Corps), dont les demandes incompatibles entre elles font selon lui dramatiquement baisser les performances de l'appareil. L'exemple le plus fragrant est la capacité VTOL (décollage et atterrissage vertical), qui alourdit l'avion, le rend moins manœuvrable en vol et consomme énormément de carburant. Il ne peut alors plus soutenir les troupes sur le terrain efficacement et durablement, car il n'a pas assez de carburant pour survoler le champ de bataille pendant plusieurs heures et ne manœuvre pas assez bien pour acquérir rapidement les cibles au sol.
LA FURTIVITÉ REMISE EN QUESTION
Pierre Sprey va jusqu'à dire que les chasseurs issus des concepts aéronautiques des années 1950, comme le Mirage III ou le MiG-21, pourraient vaincre le F-35 en combat rapproché (dogfight). Il poursuit en expliquant que le F-35 n'est même pas bon pour bombarder, car les baies internes nécessaires à sa furtivité ne lui permettent pas d'emporter suffisamment de munitions. Et conclut par le fait que la furtivité aéronautique telle qu'elle est habituellement présentée est de toute façon une "arnaque", et que les radars construits en 1942 lors de la seconde guerre mondiale sont capables de détecter n'importe quel aéronef furtif actuel. Et ces radars basse fréquence (grande longueur d'ondes) sont encore construits à l'heure actuelle, dans des versions modernisées depuis et sont librement vendus par certaines nations comme la Russie.
En fait, pour lui, le F-35 n'est tout simplement bon à rien, si ce n'est à donner de l'argent à Lockheed Martin. Il estime que le coût unitaire par appareil attendra au final plus de 350 millions de dollars, car la plupart des nations étrangères partenaires du projet finiront par rétracter leurs offres d'achats, ce qui en augmentera considérablement le prix. Il prédit d'ailleurs que même les Etats-Unis n'achèteront au final pas plus de 500 avions.
Balaath - 19/06/2014 23h:37
A la lecture de cet article, il semblerait que pour Mr Sprey, il soit impossible d'avoir un avion de chasse multirole. Dassault Aviation avait justement cette ambition lors du programme Rafale dans les années 80, à la suite donc du programme F-35 des années 70. Il site le Mirage, mais pas le Rafale! Il serait intéressant qu'il donne son avis sur le programme français, en comparaison avec l'apparent échec du programme américain.
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