Peu médiatisée, la mise en orbite lunaire de la première sonde européenne, le 16 novembre dernier, est pourtant un événement de première magnitude. D'abord parce que Smart 1 est le tout premier véhicule européen à "orbiter" autour de Séléné. Mais, surtout, parce que cette sonde de 367 kg avait pour objet majeur de valider un mode de propulsion avancé : le moteur ionique. Et qu'elle a parfaitement réussi sa mission.
Le principe du moteur ionique consiste à éjecter... des ions. On conçoit que cela procure une accélération plutôt mollassonne. D'où l'extrême lenteur de Smart 1 sur le parcours terre-lune (elle a, en réalité, effectué 332 orbites en spirale autour de la terre, parcourant 84 millions de km !)
En fait, comme pour la tortue de la fable, sur une très longue distance ce type de propulsion est le gagnant. Dans l'espace il n'y a pas de résistance à l'avancement. Les accélérations se cumulent. Ainsi, une myriade de micropoussées finit par propulser un véhicule extrêmement vite et extrêmement loin.
Pourquoi préférer ces pichenettes aux bons gros "coups de pied aux fesses" procurés par un propulseur chimique ? Parce que le moteur ionique possède un atout formidable : il ne consomme presque rien ! L'énergie nécessaire à la production et à l'accélération d'ions (de Xénon) est en effet gratuite : elle est obtenue par l'électricité générée par les panneaux solaires. Résultat : des 82 kg de Xénon embarqués par Smart 1, utilisés pour 289 accélérations, elle n'en a consommé que 59. Les lièvres peuvent toujours courir...
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