Cristallerie de Baccarat, Verrerie et Cristallerie d'Arques, Daum, autant de noms synonymes du luxe à la française ayant une réputation mondiale. Mais autant de PME soumises à une concurrence asiatique grandissante et à une forte pression sur les prix. C'est pourquoi nombre d'entre-elles voient dans l'introduction d'outils de développement numérique le moyen de faire face, à l'instar de ce qui s'est déjà fait chez des grands verriers comme Saint Gobain ou BSN.
Ainsi Jean-Baptiste Sibertin-Blanc, directeur de la création de Daum nous a-t-il fait part des premières expériences menées dans sa société. 'Nous avons décidé de créer pour ce symposium une sculpture en pâte de verre reprenant l'idée du ruban de Möbius. Plutôt que de tailler à la main notre pièce originale dans un bloc de plâtre, nous avons utilisé pour la première mise en volume un simple fil de fer que nous avons garni de plastiline mis en forme à la main'.
'Ce modèle 3D a été scanné et transféré vers le logiciel FreeForm de SensAble Technologies où le nuage de points a été transformé en volume. Nous avons ensuite travaillé ce volume à l'aide du bras haptique Phantom de la même société. Grâce au retour d'efforts nous avons ainsi retrouvé les même sensations qu'en travaillant à la main sur un modèle en plâtre'.
'De plus, l'informatique permet de changer très rapidement une forme ou d'évaluer différentes options. Nous avons aussi pu appliquer très rapidement une texture sur la surface et la retoucher facilement dans les zones de liaison. Un fois que notre objet a atteint un niveau de qualité jugé suffisant, nous avons créé un prototype rapide qui nous a servi faire les moules en élastomère permettant d'obtenir les noyaux nécessaires au moulage en cire perdue. Nous avons alors rejoint le processus traditionnel de la pâte de verre où l'on fait fondre des éclats de cristal (croisil) dans un moule en plâtre réfractaire'.
Et de tirer les premières conclusions : 'le numérique s'est avéré être un très bon assistant qui nous a fait gagner énormément de temps sur le développement de cette pièce. De plus, le bras haptique permet de garder les sensations de la sculpture chère aux artistes et d'atténuer le côté virtuel de la création. Le numérique offre même des possibilités d'évaluation d'options jusque là difficilement réalisables à moins de faire plusieurs modèles. Enfin, le prototypage rapide permet de gagner un temps important sur la création des noyaux en cire. C'est donc une expérience que nous allons certainement poursuivre'.
Une approche qui intéresse aussi le Cirtes de Saint-Dié qui dispose de toute la chaîne numérique nécessaire à la création de tels objets. D'autant qu'il pourrait épauler la création d'un pôle produit orienté vers les industries verrières, actuellement à l'étude à Nancy, autour du réseau verrier lorrain qui regroupe une douzaine de laboratoires universitaires. Une preuve de plus du dynamisme de nos régions.
A la semaine prochaine...
Pour en savoir plus :
http://www.idverre.net/
http://www.daum.fr
http://www.cirtes.fr
Jean-François Prevéraud, journaliste à Industrie & Technologies, suit depuis 23 ans l'informatique industrielle et plus particulièrement les applications destinées au monde de la conception (CFAO, GDT, Calcul/Simulation, PLM…). Il était jusqu'à une date récente rédacteur en chef de la lettre bimensuelle Systèmes d'Informations Technologiques, qui a été intégrée à cette lettre Web hebdomadaire.