En technologie, rien ne se perd, rien ne se crée, tout se transforme ! C'est la leçon que l'on pourrait tirer de quelques annonces récentes dans le secteur aéronautique. Mi-novembre, Safran a inauguré dans les Ardennes une usine qui tisse des pièces en matériaux composites de ses réacteurs. Quelle technique a été mise en oeuvre pour automatiser le process ? Celle des antiques Métiers Jacquard chers aux soyeux lyonnais.
Plus récemment le succès commercial d'ATR, le petit "Airbus" des avions à hélices, prouve que sa technologie, que l'on croyait réservée à des petits "coucous" a encore un avenir. Moins gourmande en carburant, elle a un avantage compétitif sur de courte distance face aux avions à réaction.
Deux générations de métiers Jacquard
En matière de technologie, être has-been un jour ne signifie pas être has-been toujours. Au-delà de l'aéro, dans d'autres secteurs, on voit de "vieilles" technos se relançaient parce qu'elles offrent des champs d'expression plus larges ou uniques. C'est le cas du vinyl dans la musique : la galette noire est quasiment irremplaçable pour réussir les effets "scratch" recherchés par certains DJ.
Plus globalement, les ingénieurs en R&D devraient un peu plus se nourrir de l'histoire pour innover. Ils devraient jouer les archéologues de la technologie : ils se surprendraient à faire émerger du passé des solutions tout à fait pertinentes pour répondre à nos problèmes contemporains. Un peu comme l'on fait les israéliens en apprenant grâce à leur fouille des cités nabatéennes (les premiers habitants du désert du Negev au sud du pays) quelles étaient les techniques d'irrigation de leurs ancêtres : détournement des eaux en crue et goutte à goutte. Remises au goût du jour, elles leur ont permis de faire (re-)fleurir le désert. Et de faire d'Israël un leader technologique dans la gestion des eaux. L'innovation peut aussi venir du passé...