Le grand emprunt est en train de devenir un grand fourre-tout ! Il ne se passe plus une journée sans qu'un secteur d'activité ne réclame sa part de cette manne estimée - au minimum - à 30 milliards d'euros (dixit Michel Rocard). Pêle-mêle, les industriels de l'électronique, Airbus, les experts de la stratégie nationale de recherche et d'innovation, le groupement des fédérations industrielles et la SNCF (au nom du TGV) ont levé le petit doigt ou tapé du poing sur la table pour recevoir une partie de ces subsides providentiels (présidentiels ?) promis par Nicolas Sarkozy.
Le 19 octobre, Michel Rocard, qui préside la commission du grand emprunt de concert avec Alain Juppé, a sifflé - timidement - la fin de la récréation en livrant à son tour SA liste des dépenses d'avenir pour la France. Recherche, université, haut débit et croissance verte constituent son quarté. Il a aussi affirmé clairement qu'il ne succomberait pas à la tentation du saupoudrage. C'est heureux. Rien ne serait plus dangereux que de distiller (comme la France l'a si bien fait dans le passé) les 30 milliards d'euros entre des milliers de petits projets. Cela reviendrait à ne rien faire ou presque.
À l'inverse, concentrer cette force de frappe financière sur deux ou trois grands chantiers prioritaires aurait du sens. On pourrait, à l'américaine, placer ces milliards dans deux ou trois fondations ayant pour mission, année après année, de faire fructifier ces sommes pour investir leurs intérêts dans le déploiement de technologies ciblées. Elles pourraient même être chargées de rembourser l'argent prêté en lieu et place de l'État... Histoire de ne pas grever encore plus un déficit public qui atteindra les 150 milliards d'euros l'an prochain.
Rien ne serait plus dangereux que de distiller l'argent du grand emprunt entre des milliers de petits projets.
vous lisez un article d'Industries & Technologies N°0916
Découvrir les articles de ce numéro Consultez les archives 2009 d'Industries & Technologies