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Intelligence artificielle, biotechnologies, robotique, nanotechnologies... Les progrès tous azimuts dans ces disciplines permettent de décupler l'efficacité des thérapies, mais aussi d'imaginer un basculement vers une amélioration de nos performances ou un allongement de notre longévité. Les théoriciens du "transhumanisme", qui rêvent d'un homme "augmenté", imaginent de les faire converger pour doper les capacités de l'espèce humaine, voire pour supprimer la mort. Une idéologie contestable et controversée, que soutiennent désormais certains géants américians du numérique, au premier rang desquels vient Google.
Et si l'homme « augmenté » ne relevait plus du domaine de la science-fiction ? En puisant dans les prometteuses technologies NBIC (nanotechnologies, biotechnologies, informatique et sciences cognitives), les chercheurs mettent au point des innovations de rupture pour corriger les faiblesses du corps humain. Au menu : oeil bionique, organes artificiels, peau imprimée en 3D ou prothèses douées de sensibilité. Avec des retombées économiques potentielles importantes : selon le cabinet de conseil McKinsey, les seuls marchés mondiaux des nanotechnologies et de la biologie de synthèse pourraient respectivement peser 3 000 milliards et 10 000 milliards de dollars en 2025.
Si ces procédés sont aujourd'hui principalement employés dans une logique thérapeutique, ils pourraient être utilisés pour doper les capacités physiques et mentales de l'homme. Les exosquelettes font leur apparition dans les usines. Les avancées en neurotechnologies permettent de contrôler des jeux vidéo par la pensée ou d'améliorer les capacités mentales pour lutter contre l'apparition de maladies neurodégénératives. Quant aux progrès en biologie de synthèse, comme la méthode Crispr-Cas9, ils rendent possibles des interventions d'une précision inédite sur le génome humain, à moindre coût. Peu à peu le curseur se déplace : il n'est plus seulement question de réparer l'homme, mais de repousser la mort et de « bâtir » un individu plus fort.
Une perspective qui n'est pas sans soulever une foule de questions éthiques, d'autant plus que les ambitions « transhumanistes » de certains géants américains, au premier rang desquels apparaît Google, s'affichent au grand jour. Dans son sillage, le géant de la Valley entraîne les autres « tech companies » qui s'attaquent, elles, au domaine de la médecine prédictive, où la collecte et l'analyse des données jouent un rôle clé. En France, laboratoires et entreprises ne s'affichent pas volontiers proches de ce courant de pensée, mais certaines recherches pourraient trouver des applications dans l'amélioration de nos performances.