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Hautement stratégique et soutenue à ce titre par les Etats, la recherche militaire a longtemps eu une longueur d’avance sur la recherche civile. Ses retombées dans les secteurs les plus variés sont bien connus. Les tracteurs, une adaptation réussie des chars de Renault après la fin de la première guerre mondiale, ont révolutionné l’agriculture. Internet, issu d’un projet de l’armée américaine, est devenu si indispensable qu’une coupure réseau suffit à paralyser la plupart des activités d’une entreprise.
De l’électronique à l’aéronautique, de la cybersécurité à la motorisation, les contributions des industries de défense sont indénombrables. Et en France, ce n’est pas un hasard si la plus célèbre de nos écoles d’ingénieurs, Polytechnique, est une école militaire. Toutefois, la diminution constante des budgets de défense pourrait inverser la tendance, au point que certaines applications militaires peuvent désormais dépendre d’innovations d’origine civile.
Le livre blanc de la défense récemment remis à François Hollande le prévoit sans surprise : les suppressions de postes vont se poursuivre dans l’armée. L’érosion constante des budgets militaires au cours des dernières décennies n’a pas épargné la R&D. La parade des industriels du secteur a un nom : la dualité. Autrement dit, le choix de miser dès les phases de conception sur des technologies susceptibles d’être utiles aussi bien sur les champs de bataille que dans le civil. Loin de se cantonner aux arts martiaux, il s’agit d’explorer tout l’éventail des arts et métiers, en quelque sorte. Au-delà du transfert technologique, c’est peut-être ce réflexe de survie consistant, dans un contexte de crise du financement, à capitaliser sur ses compétences technologiques pour se diversifier qui pourrait inspirer d’autres industries.