Au lieu de proposer des incitations financières ou des subventions pour promouvoir l’utilisation de ces matières organiques, désignées globalement sous le terme 'biomasse', les gouvernements devraient encourager l’innovation technologique afin de réduire l’écart de prix avec les produits pétroliers et gaziers. Cela permettrait de stimuler la demande et l’offre de bioproduits.
Par ailleurs, la récente volatilité des prix du pétrole a montré que les coûts de l'énergie des matériaux issus de la biomasse pourraient devenir plus compétitifs.
Le rapport estime que les incitations financières en faveur des bioproduits utilisées actuellement dans de nombreux pays sont à éviter car elles faussent les marchés et entraînent une dépendance à long terme vis à vis des subventions. Le secteur agricole doit actuellement réduire impérativement les niveaux de soutien global et mettre en place des politiques soigneusement ciblées et des approches faisant appel aux mécanismes de marché.
Le rapport dénonce également les subventions qui favorisent l’utilisation de combustibles fossiles.
Selon le rapport, il conviendrait de développer des stratégies à long terme tablant sur les ressources locales et d'encourager la constructions de bioraffineries capables non seulement d’utiliser des céréales, des oléagineux et du sucre, mais également de recycler divers sous-produits de l’agriculture.
Ces complexes devraient pouvoir produire à la fois de l’énergie et des matériaux à partir, non seulement de plantes annuelles, mais aussi de graminées, d’arbres à végétation rapide, de paille de céréale et d’autres sous-produits.
Cette étude intitulée 'Biomass and agriculture : sustainability, markets and policies', constituée d’une série de rapports présentés par des experts internationaux, estime que le modèle économique actuel fondé sur les combustibles fossiles pourrait être massivement remplacé, au cours des cent prochaines années, par un modèle tablant sur la biomasse.
Pour favoriser cette évolution, il est proposé de créer des 'marchés du carbone' sur lesquels les producteurs de biomasse bénéficieraient de crédits au titre du remplacement des combustibles fossiles.
Le rapport révèle en outre que :
•Les prix de certains bioproduits-créneaux, tels que les plastiques obtenus à partir de plantes de grande culture, concurrencent déjà ceux de certains plastiques dérivés du pétrole. L’industrie automobile, par exemple, utilise de plus en plus de bioplastiques.
•Près de 7% de la production de chaleur et 1% de la production totale d’électricité des pays de l’OCDE sont à mettre au compte de la biomasse agricole. Selon les estimations, les pays en développement couvriraient 25% de leur demande totale d’énergie grâce à la biomasse (bois de chauffage et déjections animales principalement).
•Le bioéthanol, produit à partir de sucre et de céréales, ne demande qu’une légère modification des moteurs actuels pour pouvoir être utilisé et s’avère donc plus facilement exploitable dans le secteur des transports que d’autres carburants/combustibles, notamment que l’hydrogène.
Le rapport préconise d’élaborer des normes et codes de bonnes pratiques internationaux applicables aux produits issus de la biomasse afin d’assurer que les émissions de gaz à effet de serre sont effectivement réduites et les avantages environnementaux, optimisés. Il apparaît donc nécessaire d’analyser plus avant les coûts et avantages en tenant compte des aspects économiques, environnementaux et sociaux.
Franck Barnu
(Source OCDE)