
La disqueuse à graphène du LMSPC.
© Izabela Janowska
Du graphène à foison ! Constitué d’une monocouche d’atomes de carbone, ce nanomatériau prometteur manquait encore d’une méthode de production fiable. Plus pour longtemps, grâce aux travaux de l’équipe d’Izabela Janowska, au Laboratoire des matériaux, surfaces et procédés pour la catalyse (LMSPC) du CNRS de Strasbourg.
La machine développée est rudimentaire : un moteur rotatif pousse, en sens inverse d’un disque abrasif, des mines de crayon en graphite. Les pelures accumulées à la surface du disque sont détachées par immersion dans un bain d’éthanol soumis aux ultrasons. Le matériau collecté mesure de une à quinze couches d’épaisseur, d’où son nom de few layers graphene (FLG).
Le prototype actuel produit une centaine de grammes par semaine. À en croire la chercheuse, la montée en cadence sera rapide : « Nous pouvons multiplier la capacité d’un facteur cinq à dix en construisant un plus grand prototype ou en installant plusieurs machines en série ». L’industrialisation n’est pas si loin, surtout que l’exfoliation mécanique présente d’autres atouts : « Notre méthode fonctionne à température ambiante et à partir de matériaux abondants – des mines de crayon – et ne nécessite aucunement l’utilisation de produits chimiques agressifs », s’enthousiasme Izabela Janowska, qui l’oppose à l’énergivore mode de production des nanotubes de carbone.
À la mi-2012, une start-up devrait voir le jour pour commercialiser les premières applications du FLG (catalyseur, additif…). Le nom retenu pour l’instant est éloquent : Graphene Leader.
Ludovic Fery