
Laurent Levy, président du directoire de Nanobiotix
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Dans les années 1990, la France avait pratiquement autant de laboratoires de pointe que les Etats-Unis travaillant sur le thème des nanotechnologies. Aujourd’hui, nous sommes un peu distancés car nous n’avons pas intégré assez rapidement la nécessité d’investir et d’interfacer ses technologies avec les autres disciplines (biologie, médecine, mathématique, …). Là où les américains ont mis, via le gouvernement Clinton, plusieurs milliards d’euros sur la table pour permettre leur essor, la recherche française s’est sclérosée et nous avons perdu notre avance. C’est en grande partie notre organisation de la recherche académique et la politique de valorisation de l’innovation industrielle qui sont en cause. En France, de fortes contraintes existent pour conserver les acquis, et penser en dehors des codes établis s’avère compliqué. Heureusement, il reste quelques domaines où nous avons encore une avance, grâce au travail accompli, en particulier, par le CEA.
Priorité aux projets appliqués
Pour préserver l’innovation française et rattraper le retard que nous avons notamment en nanomédecine, il est essentiel de revoir en profondeur l’attribution des fonds à l’échelle européenne. De nombreux projets financés par le FP7, le programme cadre de recherche de l’UE qui court jusqu’en 2013, méritent d’être reconsidérés, soit parce qu’il existe déjà des projets concurrents plus avancés dans le monde ou parce qu’ils visent des applications déjà verrouillées par des brevets.
Mais surtout, l’un des problèmes majeurs, pas nécessairement européen, est qu’un bon nombre de projets présentés ne prend pas en compte les vrais besoins de la médecine. Certaines idées sont proposées sans finalités réelles ou même de faisabilité. Ainsi la notion de produits ou d’applications dans certains projets d’envergure est souvent absente : on préfère se focaliser sur la construction d’infrastructure, sur l’acquisition d’équipements technologiques dernier cri, ou le souci de les moderniser. Ce qui permet la création de produits sont les idées, les gens et les projets, pas les murs et les machines. Les décideurs seraient bien inspirés de s’intéresser aux candidatures qui ont réfléchi très en amont à la résolution de problèmes majeurs de santé publique, qui allient l’innovation médicale, l’économie de santé et bien-être pour la société, à partir de projets qui vont créer de la valeur pour l’Europe.
Laurent Levy, président du directoire de Nanobiotix
Le site de la société Nanobiotix : www.nanobiotix.com
Consultez le rapport du CAS sur les nanotechnologies : asp.zone-secure.net