
Un lieu moderne et fonctionnel tourné vers les métiers de l'avenir.
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A l’heure où l’apprentissage retrouve ses lettres de noblesse, le Compagnonnage montre qu’il a su évoluer au fil du temps pour proposer des formations en phase avec les besoins. Dernier exemple en date l’ouverture prochaine d’un Pôle d’excellence sur les matériaux souples à Pantin.
Le Compagnonnage, un mot qui à lui seul symbolise l’excellence du savoir-faire des métiers artisanaux et sa transmission des maîtres vers les apprentis lors de leur Tour de France.
Si l’origine du Compagnonnage se perd dans la nuit des temps - la légende la fait remonter à la construction du Temple de Salomon 10 siècles avant J.-C. par Maître Jaques et le Père Soubise, responsables des tailleurs de pierres et des charpentiers – l’apparition des premières ‘‘sociétés compagnonniques’’ remonte au XIIIe siècle lors de la construction des cathédrales. Ces sociétés assuraient à la fois la formation des jeunes apprentis, mais aussi la défense des intérêts de leurs membres vis-à-vis des maitres d’œuvres et leur protection sociale en cas d’accident. Ce sont en cela les ancêtres des syndicats et des assurances sociales.

Ce mouvement ira s’amplifiant jusqu’au XIXe siècle, mais commencera à décliner avec la Révolution Industrielle où les usines et leurs machines remplaceront peu à peu les artisans. La tradition toutefois perdurera et se réorganisera autour de quelques sociétés : l'Union compagnonnique ; l’Association ouvrière des Compagnons du Devoir et du Tour de France (AOCDTF) ; la Fédération Compagnonnique des Métiers du Bâtiments (FCMB) ; etc.
Initialement organisées par corps de métiers, ces sociétés compagnonniques accueillent aujourd’hui sous leurs toits, les itinérants de multiples métiers. Favorisant ainsi les échanges interprofessionnels. Dans les années 70, ces sociétés ont créé leurs propres CFA, puis dans les années 90 se sont ouvertes aux voyages internationaux. Enfin, une nouvelle étape a été franchie avec l’arrivée des jeunes femmes dans des métiers qui étaient jusque-là essentiellement pratiqués par les hommes.
6 filières et les 28 métiers
Les Compagnons du Devoir forment les apprentis comme :
- Filière des Métiers Métallurgie-Industrie : Carrossier, Chaudronnier, Mécanicien, Mécanicien Outilleur, Électricien, Forgeron ;
- Filière des Métiers des Matériaux Souples : Cordonnier bottier, Tapissier, Sellier, Maroquinier ;
- Filière des Métiers du Vivant : Jardinier-Paysagiste, Maréchal-Ferrant, Vigneron, Tonnelier ;
- Filière des Métiers du Goût : Boulanger, Pâtissier ;
- Filière des Métiers du Bâtiment : Charpentier, Couvreur, Maçon, Tailleur de Pierre, Métallier, Plombier ;
- Filière des Métiers de l’Aménagement et de la finition des Bâtiments : Ébéniste, Menuisier, Plâtrier, Peintre, Solier-Moquettiste, Carreleur.
Pôle d'Excellence des Matériaux Souples
Une formation qui a su rester tout à fait en phase avec son époque et s’ouvrir à de nouveaux métiers et matériaux. D’ailleurs les Compagnons du Devoir viennent d’annoncer l’ouverture en septembre 2015, à Pantin (93) d’un Pôle d'Excellence des métiers autour de Matériaux Souples. Cette infrastructure de 1 400 m² accueillera un programme complet dédié à la recherche et à la valorisation des savoir-faire autour des matériaux souples, pour mieux anticiper l'évolution de cette filière. Une implantation qui ne doit rien au hasard puisque Pantin est en passe de devenir la nouvelle cité du savoir-faire du Grand Paris avec l’implantation de célèbres marques spécialisées dans la maroquinerie et la couture, mais aussi dans le design et les métiers d’art avec un tissu d’artisans historiquement ancrés dans ce secteur.
À la fois centre de formation, centre de recherche et d’information et centre d’hébergement, cette nouvelle Maison repose sur la philosophie “du vivre ensemble”. Actif et dynamique, le bâtiment composé de 9 salles de cours et d’activités, d’une salle de conférence polyvalente et de studios de projets, propose également 140 lits, permettant ainsi l’hébergement de jeunes Compagnons du Devoir en formation en Île-de-France. « L’objectif est d’accueillir 260 jeunes par an à Pantin, notre modèle pédagogique étant basé sur la mobilité permanente des Compagnons qui passent 75 à 80 % de leur temps en entreprise », explique Thomas Guinet, le délégué régional Île-de-France des Compagnons du Devoir.
Cette maison constitue un véritable modèle du compagnonnage du 21e siècle. Outre l’accueil et la formation des apprentis, elle favorisera l’information du public sur les métiers, mais proposera aussi de l’information pour les professionnels avec des cycles de conférences, des ateliers d’experts, une ‘‘technothèque’’, une ‘‘procédéthèque’’, des publications d’ouvrage, la présentation des matériaux dans leur contexte d’usage. Enfin, elle s’intéressera aussi à l’innovation avec une cellule de recherche et l’hébergement de projets.
Et ça c’est nouveau !
Jean-François Prevéraud
Pour en savoir plus : http://www.compagnons-du-devoir.com