
Valérie Pécresse veut rapprocher universités et industriels
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La France de la R&D s'est réuni ce matin au Ministère de l'enseignement supérieur et de la recherche. L'objectif : lancer le premier réseau français de recherche et technologie sur les batteries. Pour rivaliser avec l'Allemagne, les Etats-Unis et l'Asie, l'union sacrée est annoncée pour développer, en France, les batteries du futur. CEA, CNRS, IFP... Tous les acteurs français ont décidé de s'associer. Y compris des industriels (Renault, EDF, Arkema, Saft, PSA...) et universitaires (Université de Picardie...). Explications.
Créer un continuum
"La France a été leader dans les accumulateurs et batteries. Mais toutes nos belles avancées scientifiques sont devenues des succès commerciaux à l'étranger", s'est insurgé Jean-Marie Tarascon, enseignant chercheur à l'Université de Picardie Jules Verne. Sollicité pour s'expatrier aux Etats-Unis, ce grand spécialiste français aura finalement de quoi s'occuper dans l'Hexagone. "Il assurera le leadership scientifique du nouveau réseau", a lancé Alain Fuchs, président du CNRS.
Pour accélérer l'innovation française dans les batteries, l'objectif est de "créer un continuum entre la recherche amont et les industriels, à l'instar de ce qui a été réussi [...] dans le domaine des micro et nanotechnologies", a annoncé Valérie Pécresse, ministre de l'enseignement supérieur et de la recherche.
Batteries de rupture
Les enjeux sont multiples : éviter de dupliquer les projets ; faciliter l'industrialisation en France des nouvelles technologies de batteries ; concevoir des technologies de rupture à l'horizon 2020. Concrètement, des comités de pilotage ont été créés pour que les acteurs français du monde des batteries "se concertent en amont sur les programmes de R&D à lancer", a résumé Ronan Stephan, directeur général de la recherche et de l'innovation au ministère.
Le CEA et le CNRS seront les deux piliers du nouveau réseau. Piloté par le CNRS, le centre de recherche amont aura pour mission d'explorer les nouveaux concepts de batteries et particulièrement les matériaux à hautes performances. Piloté par le CEA, le centre de recherche technologique testera et validera ces concepts. Il s'appuiera notamment sur l'IFP, l'Ineris et l'Inrets.
Une trentaine d'industriels
Une trentaine d'industriels seraient déjà impliqués. Le ministère a annoncé attribuer 1,5 millions d'euros au réseau pour financer 15 contrats de post-doctorants. De son côté, le CNRS mobilisera, d'ici 2017, 19 chercheurs, 14 ingénieurs et techniciens. Les grands axes de recherche sont déjà établis, notamment :
- Les batteries lithium-ion, lithium-polymère, lithium-air... ;
- La synergie batterie/supercondensateur ;
- Les analyses de cycle de vie et le recyclage des batteries.
"Nous sommes convaincus de pouvoir réduire de 30 % le coût des batteries et d'améliorer de 50 % leur densité énergétique d'ici 2020", a assuré Rémi Bastien, directeur de la recherche et des études avancées de Renault. L'objectif est de jouer collectif au maximum. "Mais rien n'empêchera de sécuriser des partenariats spécifiques entre acteurs, quand viendra la phase d'industrialisation. Et l'inévitable compétition qui en découlera", conclut Ronan Stephan. Business is business !
Thomas Blosseville