
Reconstitution de la ''corbeille'' dans laquelle fut présentée la DS au Salon de l'Auto de 1955
© JF Prevéraud
Il y a 60 ans jour pour jour Citroën présentait la DS au Salon de l’Auto de Paris. Un jalon important de l’histoire de l’automobile.
Début des années 50, la Traction Avant de Citroën, lancée en avril 1934, commence à dater un peu face à la concurrence. C’est pourquoi après avoir lancé une Très Petite Voiture (TPV), la 2CV, en 1948, la firme au Double Chevron souhaite maintenant remplacer son haut de gamme.
Mais l’idée date déjà d’une dizaine d’années. En effet, Pierre Jules Boulanger, mis en 1937 à la tête de Citroën par Michelin, l’actionnaire principal, avait alors demandé à ses ingénieurs de songer à une ‘‘Super Traction’’ où l’accent serait mis sur le confort des passagers. Mais la guerre retarda le projet tout comme celui de la TPV, même si certaines études furent menées en cachette de l’occupant. La guerre terminée, la priorité fut donnée au projet TPV qui aboutit à la présentation de la 2CV en 1948.
C’est André Lefèbvre, le père de la 2CV qui est nommé chef du projet de Voiture de Grande Diffusion (VGD). Il est aidé en cela par Flaminio Bertoni qui avait définit les lignes de la 2CV. Ils se verront adjoindre Paul Magès, un ‘‘Géo Trouvetout’’ qui après avoir résolu les problèmes de freinage hydraulique sur l’utilitaire TUB, se lança dans l’étude des possibilités d’utilisation de hydraulique haute pression dans une voiture. Il réalisa un prototype bien imparfait de suspension hydraulique en 1944, mais su convaincre Pierre Jules Boulanger, puis son successeur Robert Puiseux en 1950, du confort que cela pourrait apporter aux passagers.
Mais au-delà de la ligne et de l’utilisation des suspensions hydrauliques qui marqueront une rupture dans l’histoire de l’automobile, la DS est une voiture révolutionnaire faisant appel à une architecture originale (pièces de carrosserie boulonnées à la structure, voie arrière est plus étroite que l’avant…) ; à des solutions mécaniques originales (direction et boite de vitesses assistées, freins à disques…) ; à des matériaux nouveaux (toit en composite résine fibres de verre, plastiques techniques pour le ventilateur, les canalisations d’essence…) ; etc. Par contre le moteur 6 cylindres à plat refroidit par air n’est pas au point et il faut rapidement adapter le bon vieux 4 cylindres en ligne à refroidissement liquide de la Traction, qui dépassera dans l’habitacle !
Des nouveautés qui excitent la curiosité des journalistes de l’Auto-Journal qui à partir de 1952 commencèrent à publier des informations de plus en plus précises sur le futur haut de gamme de Citroën. Publiant même tous les détails 15 jours avant la présentation officielle au Salon. La direction de Citroën est folle de rage, mais la curiosité du public est à son comble. A tel point qu’à la fin de la première journée du Salon, le 06 octobre 1955, 12 000 commandes ont été enregistrées et 80 000 sur la durée du Salon. Du jamais vu dans l’histoire de l’automobile ! Et c’est parti pour 20 années de succès commercial.
La DS se déclinera en version simplifiée en ID. La cylindrée évoluera, les niveaux de finition aussi, des coupés puis des breaks apparaitront. Au total près d’un million et demi de DS seront fabriquées dans le monde, avant qu’elle ne cède la place à la CX en 1975.
Toute une histoire que vous retrouverez en détail dans le nouveau livre que Thibaut Amant vient de consacrer à ce mythe automobile : DS monumentale aux éditions ETAI.
Jean-François Prevéraud
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© JF Prevéraud
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